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Carte postale au vent : chronique d’une méduse nomade

Dernière mise à jour : 26 juin

La vraie vie d’une digitale nomade (version sueur)


Jeudi 19 juin 2025.

Quelque part à l’Ouest de la Vilaine, au pied d’un pin trop déplumé à mon goût et l’envie d’une brusque averse orageuse.

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À Chaumeray, je chôme. Ou plutôt, je suis au chômage technique. Si j’aime ma vie de nomade, aujourd’hui j’avoue franchement être fatiguée, pour ne pas dire agacée d’être une digitale nomade dans les conditions qui sont les miennes.

Ces derniers jours, je souffre de la canicule. Suis-je en train de vieillir ? Non, je crois être juste normale. En revanche, c’est mon contexte de travail qui ne l’est pas. 35° à l’ombre, 40° dans mon camion Martine. Je n’ai jamais été aussi proche de l’état de larve. Je suis une loque, un mollusque, une méduse… quoique, je soupçonne même les méduses d’être plus dynamiques que moi !

J’avais choisi hier soir ce petit coin d’herbes folles semi-ombragé — je pourrais même dire « ce petit coin bucolique », ça fait rêver. J’avais observé les arbres en espérant que l’ombre me serait favorable le lendemain. Mais ce midi, Martine a rapidement été submergée de soleil. Un vrai bain de lumière !

Flairant la fonte des glaces prochaine et le navire couler, je décide donc de ranger toutes mes affaires et démarre Martine en quête d’un autre endroit ombragé à proximité, pour ne pas perdre trop de temps sur la route. Mais la pêche est compliquée. Finalement, je trouve enfin mon bonheur, je déballe à nouveau toutes mes affaires de travail… avant de m’apercevoir que je n’ai pas de réseau !!!

Alors, je retourne en direction de mon précédent spot. Tant pis pour les 40°, tant pis pour le sommeil qui m’appelle de toutes ses forces. Intérieurement, je pense aux Espagnols et à leur traditionnelle et salvatrice sieste. Mais j’ai déjà perdu trop de temps et renonce aux habitudes espagnoles.

Comme mes neurones n’ont pas encore grillé, j’essaye donc de faire travailler mon cerveau et j’opte pour le système D : vaporisateur d’eau, robe et cheveux sous le robinet, pains de glace en guise de savon rafraichissant, éventail à tour de bras, etc. Tout en m’agitant pour me refroidir (oui, c’est totalement contradictoire !), je me demande pourquoi je n’ai pas de clim. Mais rapidement je me souviens que je ne suis pas seulement une digitale nomade : je suis aussi une écolo nomade !!! Et ça n’est pas compatible avec la clim... Bref, au final, je passe plus de temps à me rafraîchir qu’à bosser !

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Allez, je m’y remets. Mais… mais quel est donc ce message qui s’affiche sur mon écran ? Est-ce un mirage ? Est-ce la fatigue qui me joue des tours ? BATTERIE À 10 %. Non, hélas, je ne rêve pas. Alors, je range tout et je repars à nouveau — cette fois, en quête d’électricité. Je me dis que je suis vraiment maso de m’infliger de telles conditions de travail. Je me demande comment font les autres… Encore une fois, je me souviens alors que je suis en plus une digitale nomade fauchée. Le combo perdant… Les campings avec l’électricité, les panneaux solaires et autres systèmes de batterie, ce n’est pas pour moi. Alors je le clame haut et fort : autant j’aime ma vie en camion, autant vivre les extrêmes est un non-choix. Je vis certes dans un camion aménagé, mais il n’est pas optimisé pour y vivre en autonomie et en toutes saisons, encore moins pour y travailler.

Ce que j’ai vécu cette semaine est la source de nombreux questionnements, à commencer par la réalité de la vie nomade, souvent idéalisée. Sur les réseaux sociaux, on ne voit ni la sueur, ni le ras-le-bol de tout devoir ranger au moindre déplacement, encore moins la quête d’un carré d’ombre avec un brin de 4G ou, luxe du luxe... d’une bonne douche.

Est-on encore libre quand on manque d’un peu de tout ? Est-ce que le nomadisme doit forcément rimer avec précarité… ou avec une écologie par contrainte plus que par choix ? Et puis, c’est quoi, être nomade ? Est-ce être maso ? Si oui, pour qui, pour quoi ? Est-ce juste un besoin viscéral de liberté ? Je n’ai pas encore la réponse. En revanche, j’ai pris mon carnet et un crayon, et j’ai couché ces réflexions sur papier pour vous les partager. Comme j’avais encore de la batterie sur mon téléphone (téléphone dont, ô joie, j'avais réussi à maîtriser la surchauffe habituelle en le mettant au frigo !) j’ai aussi fait un réel sur les réseaux pour transformer tout ce vécu en auto-dérision. Et je crois que ça m’a fait du bien.

Est-ce que j’exagère ? Peut-être. Est-ce que je me plains ? Pas vraiment. J’essaye juste d’être honnête.

Ce n’est pas une carte postale Instagram. C’est une carte postale de vie.

Et même si j’ai chaud, même si je râle, même si je fonds tout en rêvant d’un camion trois étoiles, je sais que, quoi qu’il arrive, personne ne me coupera l’envie d’écrire et de créer. Pas même le vent. C’est mon super-pouvoir de méduse nomade.

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5 commentaires


Marion
02 juil.

Yes, j’adore l’image de la méduse nomade. Ta réflexion sur le nomadisme et le besoin de liberté me fait aussi penser qu’il s’agit probablement d’étapes pour se construire ou se reconstruire, loin des injonctions de toutes sortes. Mais c’est clair qu’il y a un coût. Si jamais, la vie nomade en bateau est moins contraignante, si tu penses à changer de bicoque un jour 😊😘

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Histoires ‘Alchimistes
26 juin

Bravo Uriell pour ta force et ta détermination et au-delà de tout. la sincérité dont tu fais preuve ! Je te souhaite beaucoup de réussite, et de fraîcheur 🥶…

Modifié
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Uriell
28 juin
En réponse à

Merci Sandra. Depuis, je me suis mise au frais, dans une maison, c'est pas mal aussi ! 😜Enfin, je récupère... 🤗

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Philippe
26 juin

Si tu passes par Orgères et que tu veux brancher Martine ...

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Uriell
28 juin
En réponse à

Merci Philippe ! 😉😘

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